Leçon 333 - Dissoudre le témoin dans l'unité
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De: Yogani
Date: 22 mai 2009

Aux nouveaux membres: il vous est recommandé de commencer les leçons au début, les leçons précédentes étant nécessaires à la compréhension de celle-ci. La première leçon s'intitule « le but de ces leçons » et porte le numéro 10.

Q: L'état de témoin et celui du vide sont-ils identiques? En ce qui concerne le témoin ou le vide, je pense que dans une certaine mesure, je pourrais avoir atteint cet état, car chaque fois que je m'assieds pour pratiquer je suis cet espace infini et, de temps à autre pendant la méditation profonde, j'atteins des niveaux de plus en plus profonds. Dans mon activité journalière, je suis dans le moment présent et mon mental est littéralement vide/libre de pensées et je peux me relier à l'état de témoin chaque fois que je le souhaite. La pleine conscience et de soudains moments de lucidité sont devenus quelque chose qui m'arrive de temps en temps de façon automatique.

Le problème est que je me sens séparé de tout ; quand je suis dans cet état, même mon corps me paraît distinct. Je vois l'unité, dans mon corps et dans ce qui l'entoure, mais je me vois comme un témoin de tout cela sans pour autant y participer. Cela me paraît vraiment une illusion, une chose destinée à s'évanouir avec le temps, mais je suis déçu que cela ne soit pas plus romanesque.

La pensée me vient que quand je mourrai mon corps s'en ira et cette conscience demeurera et c'est formidable. Mais pour être honnête avec vous, même si c'est un nouvel état d'être qui jusqu'à un certain point est magnifique, on peut, si l'on n'en sort pas, se retrouver très solitaire.

Suis-je en train d'expérimenter quelque chose de proche du premier stade de l'illumination ou est-ce que je me fais des illusions en m'imaginant avoir atteint quelque chose alors que ce n'est qu'une étape spirituelle. Si c'est bien la chose réelle, est-elle supposée être comme cela?

R: Cela paraît très bien. Si la tranquillité (le témoin) est là, oui, il s'agit bien du premier stade de l'illumination dont nous avons parlé dans les leçons (voir la leçon 35). Oui, ce sens de séparation disparaîtra graduellement avec le temps à mesure que nous passerons par la deuxième (extatique) et la troisième (unité) étape. La chose à faire est de continuer à avancer. Restez actif, restez engagé dans la vie. Enquêtez en douceur sur ce mal-être et cette solitude que vous ressentez dans l'état de témoin par rapport au reste de la vie. Enquêtez également sur vos attentes, comme l'espoir que l'illumination soit supposée être "romanesque" et non solitaire. Ce sont des ruses du mental dans l'enquête sur le Soi. Les portes sont là. Le flot divin émergera de ces contradictions quand vous les laisserez aller.

Les malaises et les attentes sont des signes de la séparation persistante causée par des obstructions dans notre système nerveux, corps et mental compris. La condition de témoin elle-même est un état de séparation. Nous ne sommes pas plus séparés que nous ne l'avons toujours été, mais nous en avons une plus grande conscience, car dans cette condition de témoin nous connaissons maintenant notre Soi divin. Il reste encore tout ce que nous avons à expérimenter pour être dans notre propre Soi. La dualité deviendra unité. Le témoin nous donne un grand pouvoir unificateur pour encourager ce processus dans nos pratiques journalières, dans l'expansion de la conductivité extatique et particulièrement dans le samyama et dans l'enquête relationnelle sur le Soi, qui agit directement en dissolvant le témoin dans l'unité. On peut aussi voir ce processus comme la dissolution du monde (de la perception fabriquée que nous en avons) dans le témoin. C'est la même chose, la fusion du Soi avec toutes choses et de tout avec le Soi. Alors la séparation disparaît. Nous pouvons avoir encore nos anciennes pensées et nos anciennes émotions, mais elles ne nous feront pas sortir de l'Unité. Se débarrasser des pensées et des émotions n'est pas indispensable pour atteindre l'unité. Par contre, nous devons cesser de nous identifier avec elles. C'est un point clé.

Dissoudre le témoin dans l'unité présente bien des nuances. Cela engloutira toutes nos attitudes, attentes et opinions. C'est ce qui arrive quand la non-dualité authentique est stabilisée. Mais cela ne va pas nous débarrasser de nos pensées ou de notre personnalité. Cela n'a rien de philosophique. Ce n'est pas non plus une vue absolutiste. C'est une expérience directe. Pourtant, pour avancer, elle demande notre participation consciente. Comment faisons-nous cela? En cultivant une relation sincère entre notre conscience originelle (le témoin, notre Soi) et ce qui se passe dans notre vie, depuis nos relations avec le monde extérieur jusqu'à nos attitudes et nos sentiments les plus profonds sur nous-même et sur le monde que nous percevons autour de nous. Nous saurons que nous sommes sur la bonne piste quand nous serons capables de mettre en question la vérité de n'importe quelle pensée qui nous passe par la tête et de la laisser aller sans nous identifier ou nous laisser prendre.

Est-ce à dire que nous choisissons de rester passifs dans la vie et incapables de fonctionner? Notre mental doit-il devenir vide de pensées et notre vie dépourvue d'actions efficaces? Non, les pensées et les actions seront toujours là. Nous ne supprimons pas les pensées ou les actions qui sont appropriées aux circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Nous cessons de nous identifier avec elles.

De cette manière, nos pensées et nos actions s'élèvent pour devenir un flot divin. Ainsi apparaît le "karma yoga". Nous pouvons choisir d'être actifs en abandonnant nos histoires et nos drames (et nos réactions impulsives) pour ce qui arrive dans le moment présent, même quand les histoires et les drames continuent de se jouer dans notre tête. Très bien, laissons les jouer! Lâchons prise dans la tranquillité et vivons notre vie. En agissant ainsi, nous pouvons devenir de farouches guerriers de l'Etre.

Cela est presque impossible à faire sans la présence du témoin inébranlable. Sans lui, il y aura peu d'espace où lâcher prise et aucune relation avec la tranquillité permettant d'enquêter, de permettre et d'abandonner. La relation du témoin avec nos pensées, émotions et perceptions de l'environnement extérieur est le point crucial où notre enquête peut prendre appui. Nous pouvons lâcher prise. C'est là où la pratique du samyama peut nous aider. Tout doit être libéré. Nous ne pouvons rien posséder, pas même une pensée. Les pensées seront là, mais nous pouvons cesser de croire qu'elles nous appartiennent. Quand nous pouvons faire cela honnêtement en les mettant en question et que l'habitude se crée de demeurer en nous-même, nous découvrirons que toute chose est en nous et que nous possédons tout.

Jésus disait, nous devons mourir pour naître à nouveau dans cette vie. C'est ce que nous faisons. En abandonnant tout, nous gagnons tout. C'est un paradoxe!

Dans le même temps, restez actif. Continuez à vous engager. Votre mal-être et vos attentes dans la vie quotidienne sont vos professeurs. Quand vous pouvez les accepter, autorisez-les et laissez-les s'interpénétrer sans attachement ou jugement, alors le témoin se dissout dans l'unité. Si nous nous réfugions dans le témoin et ne nous engageons pas dans la vie, nous serons dans une trappe que nous aurons fabriquée nous-mêmes. Ne laissez pas le mental retors sortir du bois si aisément. Ne donnez au mental aucune planche de salut où s'accrocher. Il veut nous garder identifiés, étrangers à l'essence de ce que nous sommes. En observant avec intrépidité et en dissolvant ce que nous ne sommes pas, ce qui n'est pas la vérité, nous deviendrons ce que nous sommes qui dépasse infiniment notre moi égoïste imaginaire.

C'est un objectif de taille, même si cela revient simplement à reconnaître qu'en faire moins c'est en faire plus. C'est quelque chose que chacun approchera à sa façon, en fonction de ses propres inclinations à un moment donné. Il n'est pas recommandé de s'y attaquer de front avant que ne se lève l'aube du témoin permanent et cela n'est pas non plus recommandé au point de compromettre un style de vie stable et une routine journalière de pratiques. Ainsi, continuez avec les pratiques, trouvez votre frontière là où le témoin et le reste de la vie se rencontrent et continuez votre enquête à partir de là. Si vous vous débattez avec la recherche du Soi dans votre vie quotidienne ou si vous vous laissez aller avec apathie dans le témoin, ce sera un signe de déséquilibre, trop d'un côté ou de l'autre. Alors le moment sera venu de faire des ajustements, soit pour mieux gérer les pratiques soit pour se secouer, sortir et vivre pleinement.

Quant à votre question opposant le témoin au vide, le témoin et le vide/la vacuité sont deux aspects de la même chose. Le témoin est la conscience avec des objets. Comment pourrait-il y avoir un témoin sans objets? Mais le vide peut être présent avec ou sans objets. Le témoin est donc le vide avec objets.

Il en va de même de la conscience. Nous utilisons le mot constamment, la pure conscience de félicité et tout ce qui va avec, mais il ne peut avoir un sens que s'il existe quelque chose dont on puisse être conscient. La conscience est la réalisation d'être conscient à travers un corps/un mental. Au-delà du corps/du mental, il y a le vide, la vacuité.

La vacuité, le vide est la conscience sans objets. Il n'existe plus rien dont on puisse prendre conscience. C'est un potentiel pur, au-delà de tout ce qui existe. La source de tout. Nous pouvons être aussi cela dans notre corps/notre mental. Nous sommes cela. Cela se manifeste comme la conscience et comme le témoin à travers le corps/le mental, et comme tout ce que nous voyons et faisons.

La question se pose, la conscience peut-elle exister sans un véhicule, sans un corps? Le vide, la vacuité sont-ils conscients? Comment savoir? C'est bien la raison pour laquelle nous utilisons les mots vacuité ou vide. Que la conscience persiste dans le vide est une question qui reste ouverte. La physique quantique en est également à ce point dans l'enquête scientifique. Regardez autour de vous! Des miracles se produisent tout le temps, alors pourquoi la conscience ne serait-elle pas éternelle? Je me prends au jeu, et vous? Quoi qu'il en soit, la conscience est là dans le moment présent. Nous l'avons et nous sommes cela. Cela nous le savons. Faisons les pas nécessaires pour le vivre pleinement dans l'unité. C'est la liberté. C'est la libération et c'est à la portée de tous les êtres humains.

Le gourou est en vous

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