Leçon 67 - Bhakti: La science de la dévotion
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De: Yogani
Date: Dimanche 4 janvier 2004

Aux nouveaux membres: il vous est recommandé de commencer les leçons au début, les leçons précédentes étant nécessaires à la compréhension de celle-ci. La première leçon s'intitule « le but de ces leçons » et porte le numéro 10.

La dévotion est la technique de yoga la plus communément pratiquée au monde, bien qu'on l'appelle rarement « yoga». La dévotion, qui est la focalisation continue du désir sur un idéal spirituel, est si commune que les grandes religions du monde sont appelées « système de croyance » ou « foi », comme si rien d'autre que cela n'existait dans la pratique spirituelle. Qu'est-ce donc que cette chose que l'on nomme dévotion? Pourquoi est elle si importante?

L'importance du désir a été mentionnée très tôt dans ces leçons, et nous en avons souvent reparlé depuis. D'abord nous avons considéré les aspects purement logiques de la dévotion. Si nous avons une idée à propos de quelque chose, une vision de cette chose, et un désir persistant de l'atteindre, alors nous avons un véhicule mental et émotionnel qui nous permettra d'agir afin de nous rendre là bas. Nous avions pris pour exemple le fait d'envisager un voyage dans un endroit magnifique qui s'appelle la Californie. Si nous étions dans l'impossibilité d'imaginer l'endroit, si nous n'en avions aucune connaissance, comment aurions nous pu décider de nous y rendre? Donc, d'abord il faut une image. Ensuite, le désir se fond dans cette image. Ensuite l'action. Ou bien, peut-être avons-nous un désir qui survient d'abord, sans direction. Nous ne savons pas de quoi. Le désir de quelque chose de plus. Il s'agrippe à quelque chose, puis à autre chose, puis une autre, et encore à une autre. Pour finir il s'accroche à quelque chose d'énorme, une grande idée: « l'illumination ». Alors nous nous mettons à la recherche de ça, en sachant que c'est le maximum que nous pouvons atteindre. Le désir recherche toujours plus. Le désir recherche toujours le plus grand, le meilleur, le plus. Tous les désirs qui montent en nous sont d'origine divine, et recherchent la plus grande chose possible dans la vie. Le désir est la forme primordiale du gourou. De tout évidence, le désir seul ne suffit pas à nous conduire là. Il faut qu'il soit dirigé de certaines façons.

La dévotion est bien davantage que le simple mécanisme qui consiste à placer un idéal dans le coeur et l'esprit, idéal vers lequel nous pouvons dès lors tendre. Il y a beaucoup plus que ça. L'énergie émotionnelle dirigée, le désir, a un grand pouvoir. L'acte de dévotion, l'acte de désirer l'idéal le plus haut qu'on puisse imaginer, est une énergie de transformation en lui-même. Il engendre des changements profonds dans notre système nerveux. Si nous avons de la dévotion pour un idéal élevé, cela seul nous transformera de l'intérieur avant même que nous nous asseyions pour faire quelque pranayama ou quelque méditation que ce soit, ou toute autre des pratiques avancées. La dévotion est la première pratique de yoga, la principale pratique de yoga, et le feu qui illumine tout sur son passage. Sans elle, tout le reste consiste juste à faire des gestes. La dévotion à notre idéal le plus élevé est le gourou en action en nous.

Comme toutes les autres capacités dont nous avons parlé ici, la dévotion est une manifestation naturelle dans notre système nerveux. C'est celle qui est la plus évidente, qui se manifeste en chacun d'une façon ou d'une autre. Les méthodes de yoga ont pour objectif de stimuler et d'ouvrir les capacités naturelles qui sont en nous pour qu'elles expriment leur plein potentiel. Il y a une branche du yoga qui s'appelle « bhakti » qui a pour but d'optimiser le désir et la dévotion au plus haut niveau d'efficacité spirituelle. Connaître les méthodes de base du bhakti yoga et les mettre en application peut avoir un effet très important sur notre vie spirituelle.

Bhakti veut dire « amour de Dieu ». Si « Dieu » n'est pas le mot qui vous convient, utilisez une expression comme « amour de l'idéal le plus élevé » ou « amour de la vérité la plus haute ». Ou de ce qui représente la chose la plus élevée que vous puissiez imaginer. Quelqu'elle soit, l'aimer vous transformera et vous donnera l'inspiration de faire tout ce que vous pouvez pour vous fondre en elle. Nous savons tous que l'amour nous transforme. Lorsque nous tenons à quelqu'un ou à quelque chose plus qu'à nous même, nous en sommes transformé. Comme le chantaient les Beatles « All you need is love » (tout ce qu'il vous faut, c'est de l'amour). Ah, si c'était si simple, la terre serait un paradis maintenant et chaque religion produirait des saints par millions. Nous n'en sommes pas encore là, mais nous sommes en chemin. L'amour était le point départ qu'il fallait à cette époque là, et c'est le point de départ qui convient de nos jour. Ce n'est pas l'amour de tout et de n'importe quoi, tout éparpillé et sans aucune direction. Ce genre d'amour universel vient plus tard, lorsque l'écoulement naturel de la conscience de pure félicité et d'extase divine se manifeste. Le genre d'amour qui dirige la transformation spirituelle de l'homme, et tout le yoga qui lui permet de survenir, est l'amour de notre idéal le plus élevé.

Quel est l'idéal le plus élevé? Qui en décide? Votre gourou? Votre prêtre? Votre rabbin? Votre mollah? On pourrait trouver plein de suggestions. Tout le monde veut que vous aimiez leur idéal. C'est très bien. C'est un jeu que nous les hommes avons joué pendant des milliers d'années. Aimez mon idéal, je vous en prie. Sinon...

Mais il n'y a que vous qui pouvez choisir. Il n'y a que vous qui sachiez ce qui brûle le plus dans votre coeur. Votre idéal le plus élevé, c'est ce qui brille comme un phare dans votre coeur. Peut-être est-ce Jésus. Peut-être Krishna. Peut-être Allah. Peut-être votre gourou. Peut-être la lumière qui est en vous. Ce peut être toute chose. Il n'y a que vous qui puissiez le savoir. Qui que ce soit ou quoi que ce soit, c'est votre. C'est personnel. Vous le reconnaîtrez quand vous le verrez car il brûlera comme la lumière d'un phare en vous. Il sera toute bonté, tout progrès, ne projetant aucun mal envers qui que ce soit. C'est cela qui vous conduit jusque chez vous dans la conscience de pure félicité et l'extase divine.

Dans le langage de bhakti cela s'appelle « ishta », ce qui signifie « idéal choisi ». C'est vous qui le choisissez. Si rien ne se présente, brillant de cette façon là, c'est très bien. Vous savez quoi? Vous lisez ces mots, et par conséquent vous allez en direction de votre idéal le plus élevé, votre ishta. Votre idéal le plus élevé se trouve dans votre démarche qui vous pousse à étudier, et peut-être même une inclination à pratiquer les méthodes de yoga. Votre ishta est en vous quelque part. Votre désir vous conduit vers quelque chose. C'est tout autant votre ishta que d'avoir une vision claire dans votre coeur. Votre voyage est votre ishta.

Bhakti commence avec cette toute première question: « Y a-t-il quelque chose de plus? »

Ce qui émerveille dans le processus de bhakti, c'est la façon dont il se clarifie avec le temps. Tout d'abord, il y n'a qu'une notion floue. Certains désirs qui montent. Une sensation de mystère. Cette ouverture seule amène de la connaissance. Qui sait d'où elle viendra? Ensuite nous nous y accrochons et nous commençons à faire quelque chose. Des pratiques. Ensuite certaines expériences intérieures commencent à poindre, un silence béatifique, et puis il apparaît une certaine clarté. Ensuite nous lisons les écritures, et les mots qui jusqu'à présent n'étaient que des mots prennent vie avec une signification qui nous éclaire. Après un certain temps, notre ishta devient plus claire. Nous nous trouvons en relation avec ce qui se passe intérieurement. Pendant ce temps là, la bhakti devient plus forte, et nous tombons plus profondément dans le jeu divin.

Quelque part en cours de route, nous trouverons les techniques de bhakti, et la chute dans le divin s'accélèrera. Peut-être lirons-nous quelque chose à propos des techniques. Ou peut-être les découvrirons- nous naturellement.

Donc, quelles sont les techniques de bhakti? Et bien, il n'y en a véritablement qu'une. Elle se manifeste de mille et une façons. Ce n'est pas une pratique que nous faisons pendant nos sessions quotidiennes de pranayama et de méditation. C'est quelque chose qui s'installe progressivement pendant notre activité quotidienne.

Nous avons toujours des désirs qui apparaissent. Nous désirons ceci. Nous voulons cela. Nous voulons de l'argent. Nous voulons de la nourriture. Nous voulons un amoureux. Nous voulons une nouvelle voiture. Même la colère et la frustration sont des désirs. Des désirs qui se sont heurtés à un mur, ce qui fait que l'énergie se détraque dans notre système nerveux. Tant de désirs se manifestent partout, nous faisant courir ici et là, se fracassant les uns contre les autres. Et que sais-je encore. La technique de bhakti consiste à redonner une direction à nos désirs, à les contrôler. Certaines personnes trouvent cette capacité de façon naturelle. Pour d'autres, elle vient avec du temps, lorsqu'il y a davantage de silence dans le mental et dans le coeur du fait de la méditation. Le silence intérieur cultivé pendant la méditation est sous-jacent aux désirs qui montent comme des bulles, de sorte que nous pouvons les voir comme des objets qui bougent. Nous sommes un peu détaché de l'énergie émotionnelle en nous. Alors nous pouvons la faire se déplacer vers notre idéal le plus élevé. De façon douce. Sans forcer. Pas de branle bas de combat. Il s'agit juste de favoriser délicatement notre idéal lorsque nous remarquons quelque énergie émotionnelle qui se manifeste. Peu importe que celle-ci soit positive ou négative.

Par exemple, imaginons que nous soyons bloqués à un feu rouge et que nous sentions de l'énervement parce que nous sommes en retard pour notre rendez-vous. Beaucoup d'énergie émotionnelle se gaspille dans ce cas là. Alors nous nous énervons. Prenez cet énervement et redirigez le. Au moyen de l'attention, il vous est très facile de laisser ce feu rouge qui est la source de votre énervement là ou il est. Sans effort, faites de votre idéal le plus élevé l'objet de votre pensée. C'est comme pendant la méditation. Vous donnez, sans effort, la préférence à un objet de pensée plutôt qu'à un autre. Donc vous voilà maintenant énervé à propos de votre idéal le plus haut. « Ishta de malheur! Pourquoi est-ce que je ne fais toujours pas un avec toi? Je me sens frustré et ça m'énerve! » Maintenant vous avez une motivation réelle pour ne pas manquer votre méditation de chaque jour. Non seulement ça, mais votre énergie émotionnelle dirigée de cette façon là produit des changements spirituels dans votre système nerveux. Elle ouvre votre système nerveux à votre idéal. Il est ironique que nous ne puissions pas changer un feu rouge avec nos émotions, mais que nous puissions ouvrir notre système nerveux au divin avec elles. Cela paraît être une chose qui vaut la peine d'être faite, non?

Ce genre de méthode peut s'appliquer à n'importe quelle émotion, positive ou négative, avec nos sentiments pour toute chose que nous faisons. Cela veut-il dire que nous arrêtons de faire ce que nous sommes en train de faire pour courir méditer à la place? Non. Nous méditons quand c'est l'heure de méditer, et dans l'activité, nous faisons les choses que nous avons choisi de faire dans notre vie. Le fait de rediriger notre énergie émotionnelle vers notre idéal le plus élevé animera nos actions, quel qu'elles soient, et donnera de l'énergie comme un turbo à nos pratiques lorsque nous nous assiérons pour les faire. Quand nous pratiquons, nous faisons les techniques comme nous les avons apprises, pas selon la méthode de la bhakti. Nos pratiques seront renforcées dans la même mesure que la bhakti sera devenu bouillonnante en nous, du fait de la redirection de nos désirs. Ce que nous voulons c'est de cultiver tranquillement l'habitude de la bhakti dans notre vie. On ne verra rien de l'extérieur, mais en nous les roues de la bhakti seront toujours en train de tourner. Nous ferons l'expérience d'une augmentation de notre intensité spirituelle. Cela s'appelle « tapas ». Tapas c'est la bhakti en tant qu'habitude qui ne s'arrête jamais, comme une flamme sans fin qui brûle en nous. Avec ce genre de bhakti, toute notre vie devient une pratique spirituelle.

Mère Thérésa de Calcutta disait qu'elle voyait Jésus dans les yeux de chaque enfant défavorisé qu'elle aidait. C'est cela la bhakti.

Cela ne marchera pas toujours comme ça pour ce qui nous concerne. Ce n'est pas censé être ainsi. Ne vous jugez pas sur votre capacité à transférer votre frustration au feu rouge sur votre frustration par rapport à l'illumination. Rappelez vous simplement de cette méthode, de temps en temps, dans le cours de votre activité quotidienne, en particulier si vous vous surprenez à être pris dans un tourbillon d'énergie émotionnelle. C'est alors le moment idéal pour la bhakti. Le simple fait de prendre conscience de ce principe de bhakti mettra les choses en mouvement, intérieurement, lorsque les émotions s'emballent.

Le grand saint indien du dix-neuvième siècle, Ramakrishna, était passé maître dans l'art de susciter de grandes effusions de bhakti. Il se tordait sur le sol au pied de la statue de la Mère Divine qu'il adorait, en sanglotant encore et encore, pour obtenir ne serait-ce que la plus légère sensation d'elle venant le toucher intérieurement. Et plus il était remué, plus il dirigeait ces émotions vers son ishta qu'était la statue. On aurait dit un fou. Pendant tout ce temps, sa bhakti était à l'oeuvre comme un rayon laser, mettant à mal toutes les obstructions se trouvant dans son système nerveux. Il est devenu divin au moyen de la seule bhakti.

Les extrêmes de la bhakti ne sont pas nécessairement ce que nous recherchons ici dans ces leçons, bien que cela dépende de vous. Même un petit peu de bhakti a beaucoup d'effet. Elle contient beaucoup d'énergie en elle. Au point que nous ne devons pas oublier qu'une bhakti intense peu avoir un grand effet sur l'éveil de notre kundalini, à la fois directement grâce à l'énergie émotionnelle, et en raison de l'effet turbo que la bhakti donne à toutes nos pratiques. Comme pour toutes les pratiques de yoga, nous pouvons en faire trop avec la bhakti, donc nous devons être vigilant. Notre expérience est la meilleure mesure pour savoir si nous en faisons trop ou pas. Chacun a son propre rythme, l'allure qui lui convient pour le processus de purification spirituelle. Que l'expérience soit votre guide.

Du fait que la méthode de bhakti produit des effets prévisibles et renouvelables, nous pouvons dire que c'est une application systématique de la connaissance. Bhakti est la science de la dévotion. Et c'est une science vraiment puissante.

Revenons maintenant à la kundalini pour parler de certains des symptômes que se manifestent, et ce qu'il faut faire si les choses semblent un peu déséquilibrées.

Le gourou est en vous.

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